SOINS INFIRMIERS AUX PATIENTS PORTEUR D'UN PLATRE DE CONTENTION


La réalisation d’un plâtre est un geste médical réalisé par le médecin


Complications


-Vasculaires

Signes de compression: œdème et cyanose des extrémités, dysesthésie des extrémités (Sensation anormale non motivée par un stimulus extérieur ou provoquée par un contact normal)


-Syndrome des loges:

Ischémie des éléments contenus dans les loges musculaires; douleur, troubles de la sensibilité distale (insensibilité, fourmillements, sensation de brulures et de tension cutanée). Impossibilité de mouvoir les doigts ou les orteils. Pâleur et refroidissement distal.


Ne pas attendre pour signaler le problème au chirurgien. Le premier geste à réaliser est de fendre le plâtre sur toute sa hauteur et d’écarter légèrement les berges de cette section pour augmenter le volume du contenant. Si ce geste ne suffit pas, il est nécessaire de programmer en urgence une aponévrotomie ouvrant la loge.


En l’absence de traitement peut s’installer un syndrome de Volkman (nécrose ischémique des fléchisseurs des doigts -> déformation en griffe irréversible)


-Autres complications

Phlébite Clinique douleur différente de celle due à la fracture Dans le moindre doute, un Doppler veineux sera effectué


-Mécaniques

Déplacement sous plâtre L’œdème péri lésionnel se réduit. L’espace sous plâtre laissé par la fonte de l’œdème permet un déplacement de la réduction


-Conflit cutané au niveau des reliefs

Changement de la couleur du plâtre (écoulement) faisant redouter un escarre Peut entrainer la nécessité d’un fenêtrage ou l’ablation


-Amyotrophie

Combattues par des mouvements volontaires de contractions isométriques


-Raideur articulaire


-Complications du à l’immobilisation (urinaire, transit, problèmes pulmonaires)


Le patient devra être capable de:




SOINS INFIRMIERS

AUPRES D’UN PATIENT EN TRACTION SUSPENSION


I. INTRODUCTION

Les tractions et les suspensions sont encore assez fréquemment utilisées et leurs indications sont variées.


Pour le rachis, la traction concerne surtout le rachis cervical.


La traction est une force appliquée sur une partie du corps dans deux directions opposées (traction - contre - traction). Cette contre traction est constituée par le poids du corps. Elle favorise l’alignement osseux, lutte contre les contractures musculaires et soulage la douleur.


La suspension sert à maintenir l’axe et réduire l’apesanteur. Elle surélève le membre et lui permet d’être décollé du plan du lit; elle a donc un effet bénéfique sur l'œdème qu’elle diminue.


II. MATERIEL


La traction suspension se fait grâce à un lit muni d’un cadre métallique équipé de poulies. Il en existe différents types.

Il faut donc:



REMARQUE: Si l’on souhaite réaliser uniquement une traction, il est possible d’utiliser une attelle de BOPPE qui au préalable aura été préparée:


1° Par un rembourrage des montants supérieurs et surtout des angles se situant au niveau du pubis et de la hanche. Le rembourrage s’effectue avec du coton hydrophile maintenu par des bandes.


2° Par un hamac confectionné avec des bandes ou par l’utilisation d’un hamac en tissu fixé par du velcro.


LE DISPOSITIF DE TRACTION



LA BROCHE



Elle est posée de façon aseptique (acte médical), aucune tension ne doit exister au niveau des parties molles et notamment de la peau sinon il y a un risque de nécrose et par conséquent d’infection.


Elle est trans-osseuse:



UNE PLANCHE


Glissée sous le matelas, elle permet d’obtenir un plan ferme. Un plan mou (matelas qui s’affaisse sous le poids du corps) modifie le sens des forces.


UN MATELAS ALTERNATING OU PORTION DE MATELAS A EAU


III. PRINCIPE


La traction est posée à distance du foyer de fracture par l’intermédiaire d’une broche trans-osseuse (Steimann; Kirchner). L’attelle en U sert à la traction et l’étrier à la suspension. La force de traction est exercée par un système de poulie et de poids dont la masse est prescrite par le chirurgien.


La contre-traction ou contre-extension est constituée par le poids du corps du patient majoré par la pose de cales sous les pieds du lit : cela évite l’annulation de la traction par butée sur le montant du lit.


La suspension s’exerce perpendiculairement au membre par l’intermédiaire de l’étrier de Kirchner dans la traction trans-tibiale. La masse est là aussi prescrite par le chirurgien et permet d’obtenir un léger décollement du membre par rapport au plan du lit. Le membre doit en quelque sorte se trouver en état «d’apesanteur» donc ne doit pas reposer sur le lit, mais seulement l’effleurer. La suspension permet la mobilisation et autorise la flexion du genou pour éviter l’ankylose.


La traction - suspension ainsi réalisée permet d’assurer une mobilité articulaire, de limiter la fonte musculaire, la raideur articulaire, les troubles circulatoires et de mobiliser sans douleur et facilement le patient.


IV. INDICATIONS


  1. TRAITEMENT TEMPORAIRE




  1. TRAITEMENT COMPLEMENTAIRE EN POST - OPERATOIRE



  1. lorsqu’une ostéosynthèse est fragile, la traction réduit les sollicitations (ex: fracture du cotyle)

  2. pour lutter contre une attitude vicieuse et conserver le membre en bonne position: après pose de PTH sur une coxarthrose très évoluée avec déformation importante)

  3. pour soulager la pression qui s’exerce au niveau d’une articulation. Ex: lors d’une pose de greffon osseux au niveau du cotyle, permet une mobilisation douce avec diminution des sollicitations mécaniques articulaires ce qui favorise la consolidation osseuse et la prise du greffon.


  1. TRAITEMENT COMPLET


Rare actuellement car contraint à une immobilisation au lit de longue durée (3 semaines à 3 mois) alors que la chirurgie permet une mobilisation précoce. Le décubitus prolongé présente surtout pour les personnes âgées des risques importants (cf. les complications du décubitus).





Remarque: l’autre intérêt commun à ces deux dernières indications consiste en la possibilité de commencer une rééducation précoce, évitant ainsi l’ankylose, l'en raidissement articulaire, l’atrophie musculaire (mobilisation douce qui s’opère dans l’apesanteur).


V. SOINS INFIRMIERS LORS DE LA TRACTION SUSPENSION TRANS TIBIALE








  1. SOINS EN COLLABORATION


  1. Contrôler l’efficacité de la traction suspension.


La traction répond à des règles fondamentales précises:



Donc vérifier que :



On peut noter aussi qu’au bout d’un certain temps de traction, il se forme une espèce de coque tout autour de la broche qui facilite le déplacement du membre sur celle-ci surtout lorsque la personne bouge beaucoup.


Lors d’un déplacement de ce genre souvent l’attelle en «U» entre en contact avec le membre et peut éventuellement le blesser, ce qui est source d’inconfort pour la personne. Il est possible d’y pallier en interposant un coussin entre le membre et l’attelle.


Le risque infectieux est patent, mais il est nettement majoré si le membre se déplace sur la broche. Après avis du médecin; pour procéder au recentrage du membre, il faut auparavant faire une bonne antisepsie avec un antiseptique majeur (dérivés iodés, chlorexidine ou dérivés chlorés), des points d’entrée et de sortie de la broche et de la broche elle-même. Repositionner le membre et vérifier les axes de la traction suspension pour éviter une récidive. Il faut penser à bien expliquer à la personne les gestes qui vont être faits et leurs intérêts.


  1. Prévenir et dépister les attitudes vicieuses.







  1. Prévenir et dépister l’infection des orifices de broche


Surveillance locale:



Dans les 3 jours qui suivent l’insertion de la broche, un écoulement séro-sanglant au niveau des orifices est normal. Pour drainer cet écoulement et prévenir une contamination, un pansement est nécessaire.


Les soins (quotidiens si écoulement) consistent en un nettoyage d’abord au sérum physiologique ou à l’eau stérile, puis après séchage, à un nettoyage avec un antiseptique majeur à action rémanente. L’emploi d’un antiseptique coloré peut parfois gêné la surveillance de l’aspect du pourtour des orifices de broche.


Les orifices de broche et leur pourtour, ainsi que la broche sont nettoyés. Les soins de broche comportent aussi le nettoyage de l’étrier avec un antiseptique majeur et l’essuyage du cadre.


Un pansement composé de compresses imbibées d’antiseptique est laissé en place les 1ers jours. Dès l’arrêt des sécrétions et la formation de croutes sèches à chaque point d’entrée (barrières naturelles contre l’infection), les nettoyages sont poursuivis avec mise en place d’un pansement sec. La fréquence des soins n’est pas alors nécessairement quotidienne.


Si l’écoulement persiste et devient purulent, il faut le signaler au médecin, faire un prélèvement pour examen bactériologique et faire des pansements imbibés d’un antiseptique majeur.


Si l’infection s’aggrave, il sera peut-être nécessaire de retirer la broche et d’en réinsérer une nouvelle.


Surveillance générale:


Consiste en la surveillance de la température


  1. Favoriser la mobilisation (Cf. diagnostic d’altération de la mobilité)


La mobilisation au lit est possible mais limitée. Elle doit respecter l’alignement du corps par rapport à la traction suspension. Sur prescription médicale, le kiné peut intervenir pour éviter la fonte musculaire.


Les mouvements sont possibles grâce à la poignée suspendue au cadre : ainsi, il peut soulever les épaules, et en prenant appui sur le membre inférieur valide, jambe en flexion, il peut se remonter dans le lit, s'assoir ou décoller à la fois le dos et le bassin. Ces mobilisations permettent un excellent exercice d’entretien au niveau des articulations de l’épaule, des muscles du dos et une participation du patient à ses soins coutumiers.



  1. PROTOCOLE DE SOINS INFIRMIERS



Réfection en large en y associant les soins d’hygiène et prévention d’escarre au niveau de tous les points d’appui.

Différentes techniques de réfection de lit sont possibles.



Le changement se fait toujours dans le sens de la largeur en débutant par la tête de lit.

  1. Utilisation d’un drap


Le drap est préparé: plié en accordéon dans le sens de la largeur en laissant un rabat pour permettre de border la tête du lit. Pendant que le patient se tient en position demie assise en soulevant les épaules et le dos, le drap à changer est roulé jusqu’au bas du dos, le protège matelas plastifié est nettoyé puis le drap propre préparé est posé à la tête du lit. Le patient peut à ce moment se reposer si besoin.

Pour finir le changement de drap de dessous, le patient doit se soulever à nouveau en levant le bassin et en se remontant un peu.

Le drap sale est évacué, le drap propre est déroulé jusqu’aux pieds du lit où il sera bordé. Les côtés sont bordés en tirant bien pour éviter les plis.


  1. Utilisation de 2 alèses


Le changement est effectué de façon quasi similaire en utilisant 2 alèses. Une est destinée à la partie supérieure du lit, l’autre à la partie inférieure, en faisant attention que les extrémités ne se chevauchent pas au niveau du sacrum mais un peu plus bas. L’intérêt de cette technique est de faciliter le change.

Pour la partie haute du lit, le changement est identique. Pour la partie basse du lit, l’alèse est positionnée de façon à chevaucher avec la 1ère sans remonter sous le sacrum, le reste est bordé.


Changement de drap de dessus, couverture, dessus de lit


  1. Utilisation d’un drap


Le drap est préparé: plié en accordéon dans le sens de la largeur en laissant le revers destiné à se rabattre sur la couverture et le dessus de lit.

Le drap à changer est légèrement roulé, le drap propre est posé sur le thorax du patient, ils sont glissés vers le bas du lit en évitant de découvrir la personne.

Le drap (ainsi que la couverture et le dessus de lit) va devoir contourner le membre en traction suspension, pour passer en dessous puisque le dispositif ne permet pas de couvrir le membre. Le drap est ensuite bordé au pied du lit.

L’inconvénient de cette technique est essentiellement l’aspect inesthétique du lit et la tendance à glisser côté opposé à la traction suspension des draps, couverture et dessus de lit.


  1. Utilisation de 2 alèses, 2 couvertures, 2 dessus de lit


Cette technique consiste à partager le lit en 2 parties, une partie haute, située au-delà de l’étrier, une partie basse située en deçà de l’étrier.


La méthode est quasi identique, les alèses sont posées en évitant de découvrir le patient, un rabat est prévu à chaque extrémité de façon à avoir pour l’alèse haute un grand revers qui viendra couvrir couverture et dessus de lit à la partie supérieure, et un petit à la partie inférieure qui viendra couvrir la couverture pour qu’elle ne soit pas en contact avec l’étrier. Pour l’alèse basse, le même petit revers est fait pour les mêmes raisons, le grand rabat sert à border le pied du lit.


L’avantage de cette technique est le confort pour le patient et l’esthétique, l’inconvénient réside dans la consommation de linge.


  1. DIAGNOSTICS INFIRMIERS


1° L’altération de la mobilité


La difficulté à se mouvoir peut être de trois ordres:

Action:




Pour que le patient puisse se mobiliser, il faut tout d’abord lui expliquer ce qui est possible et comment procéder.

Lui expliquer que pour se soulever, il doit utiliser la poignée suspendue au cadre, fléchir la tête en avant et les épaules vers l’avant, fléchir sa jambe saine à 90° et appuyer dessus pour se soulever. Il peut ainsi se remonter dans le lit, s'assoir ou décoller à la fois le dos et le bassin. Ces mobilisations permettent un excellent exercice d’entretien.

Le rassurer à propos de sa traction suspension qui n’est pas modifiée au cours de ses mobilisations, les filins, restant dans les poulies, permettent le mouvement tout en maintenant la qualité de la traction et de la suspension.


Seul le décubitus dorsal est possible, la position semi - assise est possible mais ponctuelle (cf. prévention des attitudes vicieuses) et les décubitus latéraux sont interdits et impossibles.




CONCLUSION


La durée d’une traction est fonction de l’indication: elle peut être brève (24 heures) ou plus longue (45 jours) pour certaines fractures du bassin. L’immobilisation entraine très vite une dépendance et des troubles du décubitus qui sont d’autant plus importants que la personne est âgée.